Partager la page Partager sur Facebook - ouvre un nouvel onglet Partager sur Twitter - ouvre un nouvel onglet Partager sur LinkedIn - ouvre un nouvel onglet Partager par email - ouvre un nouvel onglet Copier dans le presse-papier « Il faudrait adapter le logement plus tôt » Autonomie Publié le 08/10/2025 Lecture 3 minutes Vieillissement, familles recomposées, parcours de vie moins linéaires… Les profils résidentiels évoluent, et avec eux, les besoins en logement. Pour la sociologue Audrey Valin, qui a enquêté sur l’adaptation des logements au vieillissement, ces mutations imposent de repenser l’habitat non plus seulement comme un espace à adapter, mais comme un levier d’inclusion. Entretien. Pourquoi les mutations démographiques actuelles sont-elles inédites et quelles sont les conséquences sur les besoins en logement ? Nous savions que les baby-boomers allaient vieillir. Ce qui surprend aujourd’hui, c’est moins le phénomène que notre façon d’avoir feint de l’ignorer ! Nos sociétés glorifient la jeunesse et la rapidité et redoutent le vieillissement. Le corps âgé est associé à la maladie, au handicap, à la dépendance, et il en porte la stigmatisation. Parallèlement, les familles recomposées se multiplient. Là aussi, nous savions que ces entités familiales recomposées allaient générer des besoins accrus en logement. L’allongement de la jeunesse au foyer témoigne quant à lui d’une plus forte précarisation : fragmentation des parcours, chômage accru, instabilité sentimentale aussi. Nous assistons à un mouvement inédit de retour des jeunes dans le foyer familial. Ces mouvements conduisent à une précarisation de la population dans son ensemble. Les conséquences ? Un repli sécuritaire vers le foyer, vécu comme un cocon protecteur. C’est le signe d’une société fragilisée, qui a perdu en partie le sens du collectif. Tout cela se reflète dans le logement et génère de la précarité. Les réponses à ces nouveaux besoins restent dispersées et ce cloisonnement complique la mise en place d’une politique d’ampleur capable d’articuler l’offre et les besoins réels. Vous avez travaillé sur l’adaptation des logements au vieillissement. Quels enseignements en tirez-vous ? La très grande majorité des personnes souhaitent vieillir « chez elles », mais cela ne signifie pas forcément dans leur logement actuel. Beaucoup de personnes âgées choisissent de vendre pour entrer dans un logement plus adapté, voire de quitter la propriété pour la location. C’est bien la notion même de « chez-soi » qu’il nous faut redéfinir. Les campagnes sur le vieillissement véhiculent des images stigmatisantes, alors qu’il faudrait au contraire mettre en lumière toutes les dimensions positives. Commençons à « glamouriser » la vieillesse, nous aurons fait un grand pas ! L’adaptation technique des logements reste certes essentielle, mais elle doit intervenir plus tôt pour ne pas être vécue comme l’aveu d’un corps défaillant. Certaines personnes cherchent uniquement l’embellissement, mais bien accompagnées, peuvent s’engager dans des rénovations d’ampleur. Quels modèles ou expérimentations actuelles vous paraissent porteurs pour penser le logement de demain et anticiper les besoins futurs ? La volonté de recréer du lien et du collectif est une clé pour éviter le piège de la solution unique. Je crois beaucoup aux projets expérimentaux, portés par les habitants eux-mêmes. L’habitat intergénérationnel ne décolle pas car il se confronte à des volontés de créer un collectif qui n’existe pas. En revanche, s’appuyer sur l’intérêt économique avec la cohabitation intergénérationnelle solidaire (CIS) semble fonctionner et permet de tisser de véritables liens. L’innovation, pour sa part, se fonde trop souvent sur l’idéologie du progrès et délaisse les projets associatifs locaux qui ont pourtant besoin du soutien des pouvoirs publics. Trouvons, dans les aides d’État, l’équilibre entre flexibilité et respect des règles. L’adaptation technique des logements restecertes essentielle, mais elle doit intervenir plustôt pour ne pas être vécue comme l’aveu d’uncorps défaillant » Audrey Valin Sociologue, fondatrice du cabinet ACTES Lire l'interview complète - ouvre un nouvel onglet