« Les Azkaratars l’ont toujours connu, il est l’emblème du village. » résume Philippe Etchenique, le maire d’Ascarat. Après le décès des derniers propriétaires, le château est resté inoccupé durant plusieurs décennies et sa dégradation inquiétait habitants et élus. Pour sauver ce patrimoine, la commune l’a acquis en 2005. Suivront quatorze années de réflexions et d’hésitations : l’idée d’un centre international de la diaspora basque est même un temps envisagé. « Il aurait été dommage de laisser le château à l’abandon alors qu’il manque des logements dans la région », témoigne aujourd’hui Lucie Apesteche, locataire d’un des appartements.

 L’évidence finit par s’imposer : l’édifice devait accueillir des logements sociaux. Dans ce secteur proche de Saint-Jean-Pied-de-Port, marqué par la pression touristique et une offre insuffisante, la demande est forte. La mairie s’installe au rez-de-chaussée, tandis qu’un parc public de 4 000m² est aménagé devant l’édifice, renforçant son rôle central pour la vie du bourg.

Pour concrétiser l’opération, la commune signe en 2019 un bail à réhabilitation avec SOLIHA Pays Basque. « Le bien nous est cédé pour 50 ans. Il reste dans le domaine public puisqu’en fin de bail, on le restitue à la commune », explique Solène Caron, directrice adjointe de SOLIHA Pays Basque. SOLIHA assure alors la maîtrise d’ouvrage et la gestion locative. « C’est un avantage non négligeable pour un village de 345 habitants, où les moyens humains et techniques sont limités », insiste le maire. 

Il y a bien eu des réticences, dans une commune où l’image du logement social est encore assez mal perçue. Mais la pédagogie et le contexte local ont fini par convaincre, car Philippe Etchenique le rappelle : « Dans le Pays Basque, entre 70% et 80% des ménages sont éligibles au logement social. Aujourd’hui, c’est l’ami de la cousine, ou le voisin du copain, qui habitent ici. » Et de se féliciter : « Nous logeons les jeunes actifs et les retraités du coin et tout se passe très bien. »  

« Pour le chantier, nous avons fait appel à des artisans locaux, notamment le menuisier du village, fier de participer à la reconquête de ce château qu’il a toujours connu inoccupé, » indique Solène Caron. Les encadrements en pierre, les planchers anciens, l’imposant escalier intérieur et certaines menuiseries d’époque, ont été conservés. La rénovation énergétique est aussi performante que possible, avec l’emploi de matériaux biosourcés adaptés à la structure en pierre, et une chaufferie bois pour alimenter les logements. 

Résultat : les appartements sont passés de la classe F à B ou C. Le projet, achevé en 2023 malgré quelques aléas liés à la période post-Covid, a transformé ce lieu autrefois abandonné en un espace vivant. Les locataires des cinq logements ont investi le château, tandis que la mairie a pris ses quartiers au rez-de-chaussée. Aux abords, un parc aménagé offre des jeux pour enfants, un jardin partagé et des espaces pour se rencontrer, marquant ainsi le début d’une nouvelle vie (de château).