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Une opération vitrine à Aurillac

  • Lutte contre l'habitat indigne

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L’îlot Gerbert à Aurillac (15) est une belle illustration d’une opération de résorption de l’habitat insalubre sur un bâtiment historique dégradé et vacant. Cécile Péjot, chargée d’opération immobilière chez Polygone, l’opérateur du projet, nous en livre les coulisses.

Surmonter les difficultés

L’histoire de la réhabilitation de l’îlot Gerbert est d’abord celle d’un projet long. Identifié dès 2013 dans le cadre de l’étude préalable du programme Action Cœur de Ville, l’ensemble immobilier, laissé à l’abandon depuis des années, présentait un fort potentiel. Le partenariat avec Polygone s’est concrétisé il y a une petite dizaine d’années. « À ses débuts, le projet intégrait une dimension d’habitat participatif, et associait un collectif d’habitants à la conception. Mais face à la durée de l’opération, incompatible avec les projets individuels des membres, le collectif s’est retiré en 2018 », se souvient Cécile Péjot. Le projet a alors été réorienté vers du logement social, et les espaces communs prévus ont été transformés en un logement supplémentaire.
L’une des principales difficultés pour faire aboutir le projet concerne la maîtrise du foncier. La commune a progressivement acquis les lots, relogeant les rares locataires restants, la plupart des logements étant vacants. Mais elle est restée en indivision pendant plusieurs années avec un propriétaire âgé, malgré de longues négociations et plusieurs propositions de relogement. Tenant compte de l’âge du propriétaire, elle a choisi de ne pas recourir à l’expropriation. Résultat : le projet a été modifié pour exclure ce lot, et un nouveau permis déposé. 
 

Valoriser un patrimoine ancien

Les travaux, engagés en 2020, ont rapidement été stoppés par un imprévu majeur. L’effondrement de l’un des bâtiments de l’îlot a contraint à interrompre le chantier, sécuriser le site, réaliser des travaux de confortement et démolir une partie qui devait initialement être conservée. Ces aléas ont fortement alourdi les coûts et rallongé les délais. « Sur ce type d’opération en centre ancien, il y a souvent un écart important entre le budget prévisionnel et le coût final », souligne Cécile Péjot. 
Les travaux se sont finalement achevés quatre ans plus tard. L’architecte a tenu à préserver l’âme de cet îlot médiéval en conservant ces éléments caractéristiques : enduit à la chaux, garde-corps à l’identique, menuiseries en bois, planchers d’origine, briques et pierres apparentes… La rénovation marie habilement le contemporain avec l’existant, un bel hommage à l’histoire du lieu. 

Résister à l’artificialisation nette

Au lancement du projet, seuls trois logements étaient occupés et tous étaient insalubres. Dix ans plus tard, treize logements et des locaux commerciaux ont vu le jour, alliant qualité architecturale, esthétique et fonctionnelle. « Un magnifique patio offre un espace extérieur, rare à Aurillac, et une belle luminosité aux logements, qui devraient se louer sans difficulté, » estime la chargée d’opération.
Livrée en mai 2025, l’opération a bénéficié de subventions de l’Anah et d’Action Logement, complétées par un soutien de la commune. « Il existe une véritable volonté politique de faire émerger ce type de projets, pour reconstruire la ville sur elle-même. Malgré les aléas et les surcoûts, cette opération constitue une belle vitrine de ce que l’on peut faire à Aurillac pour résister à l’artificialisation nette, » conclut Cécile Péjot.
 

En dates

2013 : étude préalable dans le cadre du programme Action Cœur de Ville    
2016 : partenariat avec Polygone  
2018 : dépôt du permis de construire 
2020 : démarrage des travaux 
2025 : livraison 
 

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