Partager la page Partager sur Facebook Partager sur Twitter Partager sur LinkedIn Partager par email Copier dans le presse-papier Villes moyennes : les pistes pour accélérer leur rénovation Rénovation énergétique Copropriétés Publié le 07/05/2025 Lecture 3 minutes Nicolas Desquinabo est expert indépendant en évaluation des politiques publiques. Avec La Fabrique de la Cité, think tank dédié aux transitions urbaines, il s’est intéressé aux stratégies ayant permis d’accélérer le rythme des rénovations performantes dans certaines villes moyennes. Des exemples riches d’enseignements, qui montrent la voie d’un changement d’échelle. Vous avez publié une étude* sur la rénovation énergétique dans les villes moyennes. Que souhaitiez-vous démontrer ? Je souhaitais identifier les leviers que les collectivités peuvent activer pour accélérer les rénovations énergétiques sur leurs territoires. J’ai étudié les spécificités d’opérations programmées** conduites dans 62 villes moyennes***, en comparant les rythmes de rénovation par rapport au parc éligible. Le premier enseignement, c’est que les programmes soutenus par l’Anah dans ces villes moyennes étaient globalement plus dynamiques qu’à l’échelle nationale, grâce à des collectivités historiquement mobilisées pour revitaliser leurs quartiers et centre-bourgs. Elles accusaient cependant un retard sur les rénovations en copropriétés. J’ai complété ce premier travail par une évaluation approfondie sur une dizaine de territoires ayant atteint des volumes de rénovation bien supérieurs à la moyenne nationale, et dont les bons résultats relèvent pour l’essentiel des politiques locales. Quels sont les leviers de massification qui ont fonctionné ? Le premier facteur de réussite est assez évident puisqu’il s’agit du niveau des aides, nettement amplifié sur ces territoires. Les aides étaient aussi progressives, ciblant les travaux les plus ambitieux. Pour les maisons, les résultats les plus performants se situaient dans la Vallée de la Bruche, en Alsace. Nous avons relevé un rythme de rénovations aidées par Ma Prime Rénov’3,5 fois plus élevé qu’au niveau national sur la même période pour les propriétaires occupants, et jusqu’à 15 fois pour les bailleurs, avec un meilleur gain énergétique. Sur ce territoire du Bas Rhin, le conseil départemental et la collectivité abondent les aides de l’Anah jusqu’à plus de 15 000 euros par logements, ce qui est considérable ! L’information a joué également un rôle crucial, grâce à des campagnes de communication et un espace conseil ouvert toute la semaine.Pour les copropriétés, il faut souligner l’avance prise par Mulhouse et le Grand Chalon. Leurs programmes proposaient depuis de nombreuses années des aides socles de la région et/ou de la collectivité pour tous les propriétaires, des bonifications pour les travaux ambitieux et un accompagnement renforcé dès le début du projet. Autant de leviers qui facilitent la bascule du vote. Les résultats sont là en termes de rythme de rénovation (jusqu’à « fois 5 »), et aussi de qualité, avec un taux de rénovations de bâtiments basse consommation (label BBC) important. Citons aussi Valenciennes Métropole, un exemple de réussite dans la lutte contre l’habitat indigne. L’agglomération a donné aux communes des moyens financiers et humains importants, ainsi qu’un appui technique. Depuis lors, les signalements, les visites à domicile, les procédures d’insalubrité puis les travaux, se font à des rythmes nettement supérieurs à la moyenne nationale. Au regard de ces expériences, pensez-vous qu’une multiplication des rénovations est possibles à l’échelle nationale ? L’évolution des aides publiques de l’Anah est encourageante. Pour les copropriétés, la généralisation des aides socles pour tous est désormais bien en place avec MaPrimeRénov’ copropriétés. Concernant les maisons, les différentes évolutions de MaPrimeRénov’ sont positives. Avec des aides plus conséquentes (notamment lors des sauts de deux ou trois classes énergétiques) et un accompagnement systématique pour les projets d’ampleur, le dispositif national semble bien calibré. Au regard des territoires avancés, il y a encore une marge d’amélioration pour les bonifications des travaux les plus ambitieux et la question de l’avance de fonds reste un obstacle pour les ménages modestes et intermédiaires. Les programmes locaux ayant montré des résultats exemplaires ont toujours profité d’une très grande stabilité. Durant plusieurs années, les conditions restaient inchangées, ce qui était rassurant pour les ménages. A la lumière de ces expériences, il sera possible de massifier les rénovations de qualité, à condition de garantir la pérennité des améliorations récentes sur les niveaux d’aides et l’accompagnement. * Lire l’étude de Nicolas Desquinabo sur le site de la Fabrique de la cité** Opérations programmées d’amélioration de l’habitat (Opah) et programmes d’intérêt général (PIG)*** Villes comptant de 40 000 à 140 000 habitants